Parlement de Strasbourg : ce qu’il faut retenir du discours de Macron



Emmanuel Macron a proposé que l’accueil et l’intégration des réfugiés par des collectivités locales soient pris en charge par un programme européen dédié. « Je propose de créer un programme européen qui soutienne directement financièrement les collectivités locales qui accueillent et intègrent les réfugiés », a ainsi déclaré Emmanuel Macron. Pour le chef d’État français, il s’agit d’un des dossiers sur lesquels « nous devons obtenir des résultats tangibles ».


Pour cela, a fait valoir le président de la République, il faut « débloquer le débat empoisonné sur le règlement de Dublin et les relocalisations, mais aussi dépasser ce débat, en construisant la solidarité interne et externe dont l’Europe a besoin ». Les États membres de l’UE se sont donnés jusqu’en juin pour s’accorder sur une réforme du « règlement Dublin », qui désigne quel pays a la responsabilité de traiter une demande d’asile faite en Europe. Ce dispositif décrié la confie presque toujours à ceux de première entrée dans l’UE, faisant peser une charge démesurée sur des pays comme la Grèce et l’Italie, mais sa réforme est enlisée depuis près de deux ans.


La Commission européenne, soutenue notamment par Berlin, propose de partager l’accueil par des quotas de « relocalisation », qui ne seraient toutefois déclenchés qu’en cas de crises comparables à celle de 2015, quand 1,26 million de personnes ont demandé l’asile dans l’UE. Mais plusieurs pays, la Pologne et la Hongrie en tête, refusent catégoriquement toute idée de répartition obligatoire, faisant notamment valoir l’opposition de leurs opinions publiques à de telles mesures. Malgré l’absence de consensus, l’UE avait adopté en 2015 un plan exceptionnel de « relocalisations » depuis l’Italie et la Grèce, incluant des quotas obligatoires d’accueil, arrivé à échéance en septembre 2017, et que plusieurs pays de l’Est ont refusé d’appliquer.


La nécessité de réinventer une souveraineté européenne
Le président français Emmanuel Macron a par ailleurs appelé mardi à « défendre fermement » une « souveraineté européenne réinventée » face à la tentation « autoritaire » dans certains pays de l’Union européenne. « Je veux appartenir à une génération qui aura décidé de défendre fermement sa démocratie. (…) Je ne céderai à aucune fascination pour les régimes autoritaires », a déclaré le président dans son discours. « Je ne veux pas faire partie d’une génération de somnambules », a-t-il ajouté. « J’appartiens à une génération qui n’a pas connu la guerre et qui est en train de s’offrir le luxe d’oublier ce que les prédécesseurs ont vécu », a-t-il averti.


Face à des bancs largement remplis, le président français a dressé un tableau sombre de la situation du Vieux Continent sur fond de montée des populismes et du sentiment antieuropéen dans nombre de pays de l’UE. « Une forme de guerre civile européenne réapparaît » et « nos égoïsmes nationaux parfois nous paraissent plus importants que ce qui nous unit face au reste du monde », a estimé Emmanuel Macron dans ses propos liminaires, applaudis par les eurodéputés à l’exception des rangs de l’extrême droite. L’ambition européenne du chef de l’État a jusqu’à présent été freinée par la longue crise politique en Allemagne et les résultats des récentes élections en Italie et en Hongrie qui ont vu la victoire de partis eurosceptiques. »Il faut entendre la colère des peuples d’Europe. Ce n’est pas de démagogie dont ils ont besoin, mais d’un projet », a précisé le chef de l’État français.


Budget européen
La France « est prête à augmenter sa contribution » au budget européen dans le cadre du prochain budget pluriannuel de l’UE pour la période qui s’ouvrira en 2021, a annoncé Emmanuel Macron. « Ce budget, que nous allons discuter, doit exprimer un projet politique de cohérence, d’efficacité et de convergence », a dit Emmanuel Macron, assurant que « la France est prête à augmenter sa contribution » pour atteindre ces objectifs. « Mais pour cela, c’est une refondation du budget lui-même qu’il faut envisager », a-t-il ajouté lors d’un débat en plénière, plaidant notamment pour que l’UE crée « de nouvelles ressources propres (…) sur le numérique comme sur certaines ressources énergétiques ».


Il a également estimé qu’il faudrait supprimer « les rabais qui ne sauraient survivre au Brexit » et financer « dignement l’action européenne en matière de défense et d’immigration ». Le président français a également insisté pour que l’attribution de fonds européens se fasse à l’avenir selon « des critères de convergence en matière fiscale et sociale notamment ». Il a également proposé de « rouvrir le débat sur le marché du carbone » afin de « pousser l’idée d’un prix minimal du carbone » et « d’une taxe carbone aux frontières ».

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